Commencer l'hygiène naturelle infantile (HNI) à 12 mois, récit d'un échec

Publié le 15 Septembre 2022

Commencer l'hygiène naturelle infantile (HNI) lorsque bébé à 12 mois, en décembre, et qu'il fait 15°C dans le salon...

 

 

décembre 2020

J'en suis à la page 100 du bouquin d'Ingrid Bauer, même pas la moitié. Je me suis tapée une insomnie jusqu'à cinq heures du matin en pensant au complot de l'industrie des couches, et aussi à la femme que j'aimerais être, à celle que je suis qui en est si éloignée. J'essaie de foncer pour m'en rapprocher, mais il faut bien le dire : la plupart du temps je patine dans la semoule.

J'ai commencé à pratiquer l'HNI avec Lulu il y a une semaine, convaincue par Ingrid Bauer dès les premières pages. Je l'ai fait une journée en lui mettant des caleçons longs (ou leggings) sans rien en dessous et en essayant de ressentir quand il avait envie de faire pipi. J'ai encore une connexion avec lui, sans doute grâce à l'allaitement, qui fait que je me réveille souvent une minute avant lui la nuit alors que je dors à quinze mètres entrecoupés de murs, dans la chambre nuptiale. Il y a sept jours, la connexion a marché pour les pipis, mais c'était chaque fois un poil trop tard, alors qu'il était en train de faire. Je lui ai mis une couche lavable au moment de la journée où je savais qu'il aurait envie de faire caca. Cette première journée a été enrichissante. J'ai découvert un pan supplémentaire du rythme de Lulu auquel je n'avais jamais pensé à me connecter. Cependant, après avoir changé cinq fois ses caleçons et chaussettes et fait la lessive à la main dans la baignoire parce que le lave-linge a eu la bonne idée de tomber en panne ce jour-là, je n'ai pas réitéré les jours suivants.

Et puis j'ai continué à lire le livre, et je me suis secouée les puces parce qu'il y aura toujours de bonnes excuses pour en faire moins ou pas du tout. Et j'ai réalisé que de toute façon, si je ne le fais pas maintenant, il y aura l'apprentissage de la propreté dans six mois, en le faisant à la mode occidentale, donc ça ne fait que repousser l'échéance. En fait je manque surtout d'organisation. Et j'espère trouver les réponses et les solutions dans la suite du livre. Et je sais que si j'ai encore des questions, je pourrai m'adresser à des mamans secourables, et même à Ingrid Bauer elle-même.

Alors hier j'ai repris. Le lave-linge est réparé, j'ai investi quelques euros dans des caleçons longs en laine et des paires de chaussettes à la friperie, et je change Lulu aussitôt qu'il a fait pipi, pour qu'il prenne la nouvelle habitude d'être toujours sec. Lorsqu'il fait pipi, je prononce le son "pssss" et ensuite je lui dis "tu as fait pipi" en signant le mot "pipi". Je lui dis de la même manière "tu fais caca" en signant "caca" quand il est en train de faire. Je lui propose d'aller aux toilettes toutes les demies heures en le tenant dos contre mon ventre, les jambes relevées et en émettant le son "pssss". Ça n'a pas encore marché et Lulu ne semble pas apprécier cette position donc il faut que je trouve autre chose. Je lui mets quand même une couche pour sa sieste afin que ça ne lui remonte pas dans le dos et que je n'aie pas tout le linge de lit à changer, et je lui en mets toujours une jetable la nuit pour le moment. Il bouge trop, on verra plus tard pour les solutions.

 

hiver 2020-2021

Léger changement de plan : un bon coup de ciseaux dans l'entrejambe des caleçons longs. Même pas besoin de recoudre le bord, ça ne s'effiloche pas !

Ok, il y en a sur le tapis (acheté 20€ sur leboncoin donc pas de catastrophe) de temps en temps. Mais au moins je n'ai pas le pantalon à changer à chaque pipi, juste à nettoyer le sol.

Petit à petit on prend nos habitudes. Lulu vient me prévenir quand il a fait pipi. Je prends un torchon et le met sous sa chaise haute, et ça part dans le lave-linge à la fin de la journée. Rapidement, de lui-même il se met à aller chercher le torchon pour nettoyer et le remettre ensuite sous la chaise.

J'ai arrêté les sons et les signes au moment du pipi, c'est trop dur d'être sur le qui-vive en permanence avec un petit qui commence à galoper partout et je ne veux pas non plus qu'il se sente ultra surveillé.

On garde les couches lavables pour la sieste et les sorties, et les couches jetables la nuit.

 

printemps-été 2021

 

Au printemps, alors que Lulu maîtrise mieux le fait de s'asseoir et se relever, nous essayons de lui proposer le pot. Il veut bien s'y asseoir mais pas longtemps, et jamais pour faire ses besoins. Il pense que le pot est un jeu : le jeu de s'asseoir, c'est tout, et ne veut pas y faire ses besoins même quand il a envie. Il est arrivé plusieurs fois qu'il fasse pipi par terre une minute après s'être assis sur le pot.

C'est la fête ! Lulu passe chaque journée de beau temps tout nu et l'essentiel des pipis arrivent dehors, dans l'herbe ou sur la terrasse. Pour moi c'est chouette, il n'y a plus besoin d'essuyer. J'encourage Lulu à s'accroupir ; il en prend vite l'habitude.

En juin, à 18 mois, le voilà continent de jour ! Il y a encore quelques accidents, mais la plupart du temps, il sort tout seul faire ses besoins aux endroits où il a le droit. Quand je lui suggère de faire pipi avant de manger, il arrive à le faire également.

Cependant, il ne veut pas encore faire sur les toilettes. Comme pour le pot, il y reste peu de temps et veut surtout jouer avec la lunette, pour finalement faire pipi dehors une minute après.

Là encore, il met des couches pour dormir. Pour la sieste, on est contraint de remplacer les couches lavables par des jetables car les premières lui causent des irritations. Peut-être que la composition de son urine a changé avec son alimentation ?

Pour sortir se promener dans le village, un caleçon long découpé fait désormais l'affaire.

Et puis à la fin de l'été, avec le mauvais temps, on fait marche arrière. Lulu ne peut plus sortir faire ses besoins dehors comme il le souhaite. Et avec la naissance de sa petite soeur, c'est surtout son père qui s'occupe de lui les premières semaines. Mon mari n'arrive pas à percevoir les moments où Lulu fait caca dans sa couche, et n'est pas hyper à l'écoute quand il essaie de lui signaler. Ce qui a pour effet de réhabituer notre fils à ne rien dire et à avoir une crotte bien étalée sur les fesses...

 

Automne 2021

La naissance de Jeanne et ses premiers jours m'ont beaucoup accaparée. C'est Baba Papa qui s'occupe de Lulu et qui trouve plus simple de lui mettre des couches jetables toute la journée. Ben voyons. Je reprends les choses en main car je refuse que les efforts et avancées de ces derniers mois n'aient servi à rien : on met donc des pantalons sans couche à Lulu qui enchaîne les accidents.

Je me dis que le problème est qu'avec quelque chose sur les fesses, il ne pense pas qu'il n'a pas de couche. Alors finalement on lui remet les caleçons découpés (également pour sortir malgré le froid) pendant quelques jours. Instantanément il fait ses besoins dans le pot ou les toilettes avec de très rares accidents.

Pour la sieste et la nuit, on n'a pas encore essayé de retirer les couches, mais chaque chose en son temps et je préfère d'abord stabiliser la situation.

***

J'essaie une nuit en HNI avec Jeanne lorsqu'elle a une semaine. C'est la catastrophe. J'ai voulu essayer une nuit, quelle idée aussi. À chaque micro réveil, un pipi. La serviette de bain et le torchon que j'avais superposé sous ses fesses ont vite fait d'être traversés. Je suis démotivée et ne retente pas pour le moment.

 

Hiver 2021-2022

Ça y est, Lulu demande à aller aux toilettes, même avec un pantalon fermé sur les fesses. Cela s'est fait à la récompense : un petit carré de chocolat noir (le plus souvent du cacao 100%) après chaque pipi-caca aux toilettes ! Au fil des semaines, on a donné le carré de chocolat juste pour les cacas. Il a encore une couche pour la sieste et la nuit.

Finalement l'HNI si tard n'aura pas fonctionné. La tentative aura tout de même permis de limiter l'usage des couches, ce qui en plus de l'impact écologique, aura eu des bienfaits pour la santé de la peau de mon fils et pour sa liberté de mouvement.

 

Commencer l'HNI à deux mois, c'est mieux !

Je retente avec Jeanne lorsqu'elle a deux mois, en journée cette fois. Elle est en porte-bébé contre moi depuis sa naissance, je connais ses cycles et réponds à ses besoins dès qu'elle les manifeste par une légère agitation, si bien qu'elle ne pleure jamais. Un beau jour de décembre, je la mets donc au-dessus du lavabo, son dos contre mon ventre, je soutiens ses cuisses de manière à plier ses jambes, et je lui fait un grand sourire encourageant dans le miroir : ça marche ! Pipi direct !

Je recommence plusieurs fois par jour, en m'aidant de ce que j'ai appris dans le livre d'Ingrid Bauer essayant de comprendre pourquoi cela marche ou pas, les signes quand elle veut et ceux quand elle ne veut pas. Je prononce "sssss" en même temps que le pipi coule, comme l'autrice le suggère et comme j'ai déjà vu faire sur des chevaux de concours avant qu'ils entrent en piste.

Rapidement, un schéma clair se met en place. À chaque réveil : pipi. 10 à 20 mn après une tétée : pipi. Elle remue dans le porte-bébé : pipi ou tétée (il vaut mieux proposer le pipi d'abord). Et à chaque fois que j'y pense, en dehors de ces moments, je propose. J'arrive à avoir régulièrement le caca quotidien aussi. Toujours au-dessus du lavabo puisqu'à cet âge là, les selles sont liquides. Et comme ça j'ai juste à faire couler l'eau pour lui rincer les fesses à la méthode asiatique.

Si chaque élimination dans le lavabo est une super victoire, il y a aussi des ratés. J'ai vite fait d'être à bout de nerfs après m'être changée deux fois dans la journée parce que je n'ai pas vu arriver le pipi. Alors je choisis de couper la poire en deux. Jeanne a une couche jetable, que je lui enlève à chaque fois que je lui propose l'élimination, et que je lui remets en suite.

Seulement 2 semaines après avoir commencé, soit un peu avant ses trois mois, Jeanne est capable de se retenir ! Une fois, nous étions coincées à la caisse du supermarché quand elle a eu envie. Elle avait sa couche, elle était en pyjama + combinaison d'hiver et je ne voyais aucun endroit pour la déshabiller et lui proposer le pipi, alors que j'avais Lulu avec moi et les courses sur le tapis roulant. Jeanne, installée dans le porte-bébé, s'est mise à pleurer. Cela devait devenir douloureux de se retenir pour elle. Alors, la laissant toute habillée, j'ai soulevé ses jambes comme au-dessus du lavabo en lui disant "fais pipi dans ta couche ma belle, ssssssss". Elle a fait et s'est calmée en une seconde.

En peu de temps, il n'y aura plus eu besoin que de deux couches en 24h : une pour la nuit (car j'ai choisi de ne pas pratiquer l'HNI la nuit, de peur d'être plus fatiguée que je ne le suis déjà), et une pour la journée qui, certains jours exceptionnellement calmes où j'ai pu rester connectée chaque minute à ma fille, est comme neuve quand arrive le soir !

 

Printemps-été 2022

Cette coquine de Jeanne ne veut plus faire dans le lavabo depuis un moment. Non, il faut le faire dehors, dans l'herbe. Et même au bout d'un moment, dehors dans l'herbe face à une distraction, mais pas n'importe laquelle : le chien ou le bouc.

Puis quand arrive l'été, c'est dehors dans l'herbe avec zéro distraction à l'horizon. Le moindre éclat de voix perturbe madame. Pour contrebalancer, Jeanne accepte de faire son pipi aux toilettes si on est en ville et qu'il n'y a pas d'alternative.

Quant à Lulu, rebelote. Avec les beaux jours, le voilà courant la campagne les fesses à l'air ! Vers la fin de l'été, plus besoin de couche pour sa sieste. Mais on retrouve toujours un petit pipi dans celle de la nuit. Peut-être vais-je relancer l'astuce du chocolat ?

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